You are currently viewing L’histoire de Cindy

L’histoire de Cindy

  • Auteur/autrice de la publication :

Cet article m’a été inspiré par la vidéo ci-dessous, que j’ai précédemment partagée sur ma page Facebook.

J’ai souhaité lui donner une dimension concrète avec une illustration réelle, celle de Cindy que j’accompagne depuis quelques mois.

Si ce n’est encore fait, je vous invite à la visionner avant de poursuivre la lecture.

Cindy a 30 ans. Fille unique, elle vit seule avec son papa, depuis le décès de sa maman, il y a 10 ans. Elle m’est orientée par un professionnel de santé inquiété par son mal être apathique et refus catégorique de consulter un “psy”.

La tristesse incarnée

Je suis stupéfaite par la tristesse de Cindy. Tout en elle la manifeste, sa démarche lente, ses épaules tombantes, ses vêtements de couleur sombre, son regard baissé, ses gestes, ses paroles, ses soupirs, ses silences !

L’entrée en relation délicate

Trois séances m’ont été nécessaires pour créer l’esquisse d’un lien entre Cindy et moi. Le premier rendez-vous destiné à faire connaissance a été une réelle épreuve pour Cindy. La liberté que je lui ai laissée pour se présenter à moi, l’a laissé sans voix.

Face à son malaise, je lui demande ce qui l’aiderait. Cindy me répond “Posez-moi des questions, je ne sais pas quoi vous dire”. Je lui demande alors : qui elle est, ce qu’elle souhaite me partager de son histoire, ce qu’elle aime, ses envies, ses passions, ce qu’elle souhaiterait faire de sa vie, ce qui lui pose problème aujourd’hui, et qu’elle aimerait changer. La réponse est la même : “Je ne sais pas”.

Je vois bien que mes questions déstabilisent profondément Cindy, … jusqu’à ce qu’elle finisse par me dire : “çà suffit, vous me donnez mal à la tête avec vos questions !” “J’ai pas l’habitude ”.

Je ne sais pas qui je suis

Après l’avoir remerciée pour sa sincérité, rassurée sur l’intention de mes questions, et notamment mon besoin de mieux la connaître pour lui proposer un accompagnement en accord avec sa personnalité, son caractère ;

Et l’avoir sécurisée sur la liberté de parole, le non-jugement et la protection de ses informations.

Cindy se détend et commence à me confier :

Mes parents n’étaient jamais là, ils travaillaient tout le temps. Heureusement ma grand-mère vivait avec nous. Comme elle était âgée, je passais toutes mes journées assise à côté d’elle sur le canapé, et on regardait la télé”.

Quand je lui demande comment elle était sa grand-mère, … elle me dit “elle avait des cheveux gris”… c’est tout. Sa description est brève, factuelle et dénuée de tout affect.

Cindy est dans l’impossibilité de poser une appréciation personnelle, me dire ce qu’elle appréciait chez sa grand-mère, ce qu’elle lui apportait de particulier “elle était là, c’est tout”.

Ni souvenirs, ni émotions

Hormis le fait de partager le même canapé, il ne reste à Cindy aucun souvenir marquant de ses moments passés avec sa grand-mère… ni même des programmes regardés ensemble !

Les rares moments passés avec ses parents, sont peu expressifs autant en paroles qu’en gestes d’affection, donc Cindy se replie sur elle, se réfugie dans la nourriture, … et regarde la télé.

Les seuls souvenirs qui refont surface sont ceux d’une scolarité douloureuse, la sienne ! Sa timidité extrême et sa corpulence lui ont valu d’être la cible de moqueries, et de subir le harcèlement. L’école n’a pas permis à Cindy de nourrir son estime d’elle-même, et donc altéré encore un peu plus sa confiance en elle.

Les années ont passé, et … en l’absence de relais aidant, la difficulté de Cindy à créer des relations interpersonnelles est encore présente : “Je n’ai pas d’amis. Quand on me parle, c’est pour m’attaquer sur mon physique”.

J’ai besoin d’apprendre à ….

Après plusieurs rencontre, Cindy commence à  exprimer « j’ai envie de faire quelque chose qui me plait ». Le retour de l’envie est déjà un pas en avant ! Elle ne sait pas encore quoi.

Je l’accompagne petit à petit, et très concrètement dans ses apprentissages. Parce que c’est bien de cela dont il s’agit ! Pas des apprentissages scolaires, mais des apprentissages à l’échelle de la vie, dans le plaisir de se découvrir et dépasser ses limites!

Cindy apprend donc à développer les habilités humaines… pour trouver ce qui lui plait !  

(Re) Trouver l’envie de …

L’intention de cet article est de temporiser tous les éventuels élans accusateurs que ce soit vis-à-vis des écrans, de l’école ou des parents. Loin s’en faut ! Je prône plus volontiers la responsabilité individuelle.

Enfant, Cindy n’a pas eu d’autre choix à sa portée que de regarder la télé avec sa grand-mère pendant que ses parents travaillaient pour assurer la sécurité financière de la famille. Privée d’attention et de stimulation dans son enfance, elle n’a pas appris à s’affirmer et se défendre à l’école.

Et décider d’agir pour

Aujourd’hui Cindy est adulte, elle a compris pourquoi entrer en relation avec les autres lui est difficile. Elle a fait des liens avec son vécu, des expériences désagréables à l’origine de croyances “fortes”.

Elle sait qu’elle a le choix entre continuer à faire comme elle a toujours fait, ou décider d’agir pour changer !

L’exemple de Cindy illustre bien l’incidence d’être privée de moments avec d’autres dans son enfance autour d’activités qui stimulent les 5 sens. Cela “restreint la vision du monde”, et “inhibe les émotions”.

Il n’est jamais trop tard pour apprendre à devenir la version de soi-même souhaitée, avec de la volonté, la persévérance, des efforts, de la régularité et du soutien

C’est possible, puisque c’est ce que fait Cindy !