A chaque fois que j’entends « Tu pars en vacances ? », … que cette question me soit adressée, ou à d’autres …ma petite voix me dit « Pourquoi ?….. c’est obligé ? » !
Dans la mesure où cette phrase est posée par quelqu’un qui connait suffisamment son interlocuteur et ce qu’il vit dans sa vie, c’est Ok. Puisque la question est donc posée à bon escient et en connaissance de cause.
Si non, le risque de créer des impairs est réel !
J’ai envie de prêter mon empathie à cet article pour mettre en lumière ce qui peut se jouer chez les personnes à qui sont adressées cette phrase. Car je suis stupéfaite de constater, combien cette phrase est devenue « standard » et devance parfois même le « Comment tu vas ?» . Elle induit le « devoir de partir en vacances comme une norme ».
“Partir en vacances = bon parents ?”
Le souvenir d’un papa me revient en mémoire à l’écriture de ces premières lignes. Il s’est littéralement effondré en larmes me disant « j’ai jamais pu emmener ma famille en vacances, mes filles n’ont jamais vu la mer ! ». Pourtant lui et son épouse se lèvent très tôt tous les matins pour travailler et « essayer » de faire vivre leur famille. Les filles ont tout ce dont elles ont besoin, une maison, de quoi manger à leur faim, se vêtir, s’amuser et, le plus important : l’amour de leurs parents !
Pourtant la seule chose que se reproche leur papa, c’est de ne pas pouvoir leur payer des vacances. Il en oublie qu’il leur offre déjà l’essentiel !
C’est dire combien le poids de la norme induite par les diktats sociétaux peut affecter l’appréciation de son rôle de père ou de mère… Ne pas emmener ses enfants en vacances serait être un mauvais parent ??..depuis quand ?
Çà c’est du côté des parents, … du côté des enfants qu’est-ce qui se passe ?
“Je suis pas comme les autres“
Quand un enfant reçoit cette même question, soit il n’ose pas répondre par peur des moqueries, soit il répond par la négative et les subit, soit il invente. Il se dit quoi dans sa tête? « C’est injuste », « mes parents sont pauvres » « je suis différent » « je ne vais rien avoir à raconter à la rentrée », …. Ses émotions et sentiments inconfortables, s’ils ne sont pas exprimés vont s’inscrire profondément en lui, et conditionner ses comportements futurs.
C’est bien dommage, car cet enfant qui ne part pas en vacances a autant de possibilités de passer de bonnes vacances à la maison, sauf que la comparaison aux autres l’empêche de profiter et vivre pleinement des activités simples, et des personnes qui l’entourent (famille, amis).
Et si, … la différence était la valeur !
A cette phrase insidieusement normative « Tu pars en vacances ? » , je lui préfère amplement une antidote qui s’inspire de la Communication Non Violente « Qu’est-ce que tu as prévu pendant tes vacances ? » .
La question est plus ouverte. Elle s’intéresse davantage à la personne et lui donne tout l’espace pour parler de ce dont elle a envie, exprimer son point de vue, ses projets, ses centres d’intérêts, …
Car au final, il n’y a pas de code unique des vacances, du moins pas à ma connaissance. Je me réjouis donc qu’il puisse exister autant de “codes vacances” que de familles, qu’elles soient aventureuses, créatives, sportives, joueuses, rêveuses, attirées par la culture, la nature ou le repos car çà aussi c’est permis, etc…
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter un été qui vous ressemble vraiment !
